Mes fantômes, première période.

Cette série intitulée Mes fantômes se compose de 21 photographies réalisées entre 2011 et 2014. Prises dans l’intimité de mon quotidien, elles évoquent des moments de l’enfance et renferment les souvenirs de mes deux garçons masqués âgés de huit et cinq ans, qui, le soir venu, ont peur des ombres qui vacillent sur le mur de leur chambre. Leurs rêves d’aventures constituent une source intarissable dans ma pratique. Ils s’inventent espions, gangsters en fuite. J’entrevoie des corps et des ombres, la maison est hantée, ça, je le sais. Ils s’imaginent vivant sur la route, dans un monde d’éclats, soldats ou zombies. Ils me racontent des histoires : je devine le visage d’Abel sous une frange devenue rapidement trop longue. Je provoque la pose, j’accentue la surprise. C’est parfois compliqué, mais leur force et leur innocence me poussent à modeler ces instants de grâce, fugaces, et à les partager. Ensemble, nous réalisons des images faites d’illusions, d’apparitions fulgurantes, de disparitions sans regret, de visions. Entre fiction et réalité, je regarde Abel et Michka grandir, je vois la beauté et le côté sombre des choses, la joie mélangée à la tristesse. Ces images du temps qui passe sous mon nez ouvrent des portes vers le passé, mais permettent également de regarder vers l’avenir. Face à moi, mes enfants vivent leur vie. A travers les masques et les frayeurs de la nuit, le rêve de devenir grand prend forme.M.R.